Mieux communiquer avec vos enfants

Publié le par Toutes en une

Mieux communiquer avec vos enfants

 

 

Le 6 mai 2013, la ville d’Angoulême a proposé une conférence–débat animée par la psychothérapeute Barbara Williams, dans le cadre  du projet petite enfance de la ville : accompagner les parents dans l’exercice de leurs fonctions.

 

 

Barbara Williams est psychothérapeute et consultante pour enfants. Elle propose des séminaires, des programmes de formation et des ateliers de communication avec les enfants aux États-Unis et en Europe.

Depuis 1994, elle est membre de l’Institut pour l’Approche Centrée sur la Personne à Rome (Italie) dont elle co-dirige le programme de formation à la communication. Très influencée par le travail de Carl Rogers ainsi que par celui de Virginia Satir (pionnière de la thérapie familiale et formatrice reconnue) avec laquelle elle a également collaboré,  Barbara Williams développe d’emblée son travail en direction des enfants, portée par la question des « conditions nécessaires à la reconnaissance, au maintien et au développement des qualités centrées sur la personne chez les enfants ». Elle crée ainsi des ateliers novateurs et singuliers, les Kids’Workshop®.

 Barbara Williams a vécu et travaillé dans différents pays à travers le monde et son intérêt pour les diversités culturelles imprègne son travail.

 

 

Barbara Williams commence la conférence en disant que face aux enfants, elle n’est pas une figure d’autorité. Elle essaie d’être une facilitatrice, c’est-à-dire que son rôle consiste à aider l’enfant à mieux communiquer ce qu’il pense et ce qu’il ressent.

 

Communiquer, dès la naissance, une histoire de confiance…

 

Elle explique que si l’adulte répond aux pleurs du bébé, qu’il essai d’en comprendre le sens puis tente des réponses : porter, nourrir, bercer, câliner changer la couche… alors la confiance du bébé en l’adulte, en l’environnement et en lui-même peut naître.

Au contraire, si personne ne vient chercher le bébé qui pleure, si personne ne tente de le comprendre et de le réconforter, alors il pleure plus fort.  Si à nouveau personne ne vient, les pleurs cesseront au bout d’un temps mais à quel prix pour l’enfant ? La confiance en l’environnement et l’adulte ne pourra pas s’installer. Même la confiance qu’il aurait pu nourrir en lui-même ne sera pas confortée.

Or si l’enfant est en confiance, il peut communiquer, résoudre un problème, demander de l’aide…

 

Virginia SATIR, thérapeute de famille dont elle s’est grandement inspirée, dit une chose primordiale : pour que l’enfant ait confiance en lui, il est nécessaire de lui faire confiance.

 

Le plus beau cadeau à faire à l’enfant : lui permettre de développer de la confiance en lui.

 

 

Comment communiquer avec l’enfant ?

 

Se mettre au niveau de l’enfant

Se mettre au même niveau de regard est primordial pour communiquer avec lui. Si on est debout, à côté de lui, nous paraissons comme un géant et si en plus ce géant parle fort et se met en colère, imaginez l’effet que ça fait à un tout petit enfant.

 

Considérer l’enfant pour ce qu’il est et non pour ce qu’il fait

Carl ROGERS dit (et de cette idée elle s’inspire grandement également) qu’il est important de voir l’enfant comme un individu et non pour ce qu’il fait ou ne fait pas.

L’adulte dit : « Si tu as de bonnes notes, je serais content ».

L’enfant entend : «  Je t’aimerais si tu as de bonnes notes ».

C’est un message qui transparait dans notre manière de faire or si l’enfant sait qu’on l’aime pour lui, il aura la force de changer et s’il a une mauvaise note, il pourra alors se dire : «  ok je vais faire des efforts ».

 

Se rappeler de son enfance à soi

Se souvenir de ses propres réactions d’enfant est important pour comprendre l’enfant qui est devant  soi et de fait, mieux communiquer avec lui. On peut chercher, se souvenir de comment c’était à 2 ans de jouer, comment on se sentait quand on jouait avec de l’eau…. Souvent l’adulte a du mal à se rappeler comment un évènement simple a pu, lui aussi, l’affecter lorsqu’il était enfant.

 

Découvrir, comprendre et apprécier les autres cultures

Barbara Williams a créé des ateliers pour enfants, pour tous les enfants, pour les aider à communiquer, pour les aider à s’exprimer de manière claire. Savoir bien communiquer apporte de la confiance en soi.

Dans ces ateliers, elle encourage les enfants à apprécier les autres cultures, à les connaître, à les comprendre pour être plus heureux. Connaître d’autres cultures aide l’enfant à accepter la différence et la particularité de chacun et renforce de fait l’estime de soi et la confiance en soi. L’enfant sent alors qu’il a le droit d’être différent, de penser différemment sans que ce soit un problème. Il peut donc être lui-même, tel qu’il est, sans honte ou culpabilité. Il peut aussi accepter plus facilement que l’autre, enfant ou adulte, pense autrement. Elles proposent donc des activités créatives qui encouragent cette découverte des cultures et des différences.

Jouer

Le jeune enfant est très créatif. Il est important de favoriser cette créativité le plus longtemps possible en lui proposant des activités sur la musique, l’art, la nature… tout en s’amusant ! 

Les enfants aiment les adultes qui s’assoient au sol auprès d’eux et jouent avec eux.

 

Communiquer en parlant c’est bien mais avec les jeunes enfants, communiquer en jouant c’est encore mieux.

 

A ce moment-là de la conférence, Barbara Williams nous montre comment utiliser les marionnettes pour parler des émotions.

 

Un enfant timide ne parlera pas forcément de ce qu’il ressent mais pourra utiliser une marionnette car elle n’est pas lui et en même temps elle est comme une extension de son corps. Elle fait presque parti de lui. Elle est en même temps assez proche  et distante pour lui permettre d’exprimer ses émotions. Il peut alors être tantôt brave, tantôt trouillard, en colère ou bien heureux… par l’intermédiaire de la marionnette.

Deux enfants timides peuvent également se parler par marionnettes interposées et passer ainsi le cap de la timidité pour réussir, par la suite, à communiquer avec des mots. Les enfants très jeune voir plus vieux peuvent les utiliser pour communiquer car c’est facilitant.

Les docteurs, les psychologues, les hospitaliers… utilisent eux aussi les marionnettes  pour établir une relation de confiance avec l’enfant, lui expliquer ce qu’ils vont faire, parler des émotions que cela suscite, des sensations…

 

Barbara Williams « milite » en faveur des marionnettes, douces, plutôt que des films et de la télé !

 

Elle continue sa conférence en sortant son sac magique !

Si quelque chose ne fonctionne pas, les marionnettes par exemple, alors elle essai de faciliter la communication, entre elle et l’enfant, avec autre chose. Les jeunes enfants aiment jouer avec les petites figurines d’animaux, ils aiment créer des familles. Elle sort à ce moment-là de son sac magique, des figurines miniatures d’animaux de toutes races et de personnages de toutes couleurs, sexes et gabarits…

 

Elle rappelle l’importance de ne pas stéréotyper les jouets !

 

Il est primordial de laisser l’enfant exprimer son individualité et ses différences,  exprimer ce qu’il ressent avec ces petits jouets.

 

Barbara Williams sort à nouveau quelque chose de son sac magique : un Chaud doudou ! Lorsque l’enfant plonge sa main dans sa poche, il ressent comme une sensation de douceur, de chaleur, quelque chose de réconfortant, d’apaisant. Le Chaud doudou est donc doux et chaud, petit (assez pour tenir dans une poche de pantalon ou de gilet…) de formes ou encore de couleurs différentes. L’important est qu’il donne une sensation de douceur à l’enfant. Ainsi, si l’enfant est en difficulté pour à aller à l’école, chez le docteur,  à une activité de groupe… il a avec lui la force que lui procure le Chaud doudou, il n’est pas seul. Le Chaud doudou est le symbole du parent, qui est toujours là, avec l’enfant. L’enfant peut discrètement (puisqu’il est dans sa poche) le toucher, le sentir et de fait se réconforter.

 

Donner des choix  

S’occuper de l’enfant lorsqu’il est bébé est facile mais en grandissant ça peut devenir plus compliqué car l’enfant dit « non » fermement et bien souvent a tout. Aux alentours de 2 ans, l’enfant commence à découvrir qu’il est un individu, différent des autres autour de lui, de ses parents. Avant il utilisait les pleurs pour communiquer, maintenant il utilise le « non ».

 

Elle propose de donner un choix à l’enfant pour se sortir du « non ».

 

Par exemple :

L’adulte dit : « Tu vas mettre ta chemise rouge » 

L’enfant dit : « Non »

Donner le choix entre une chemise rouge, une jaune et bleue et l’enfant va finir par choisir une chemise ! Peu importe sa couleur finalement.  L’adulte doit être créatif et léger pour que l’enfant se sente entendu et respecté dans ces choix.

Autre exemple :

Au lieu de dire « tu viens, on va chez ta grand-mère ?» alors même que l’on se doute que l’enfant va répondre « non », dire «  tu veux jouer à celui qui court jusqu’à la voiture ? ». On a ainsi plus de chance à le faire monter dans la voiture sans qu’il ait à faire un choix désagréable pour lui ou à nous opposer un « non » catégorique.

 

Lorsque l’adulte force l’enfant à faire quelque chose qu’il ne veut pas faire comme par exemple : porter la chemise rouge, l’enfant reçoit le message que ce n’est pas bien d’être différent, d’avoir un avis différent de celui de son parent, que ce n’est pas bien d’être soi-même et de l’affirmer. 

L’enfant peut alors se battre pour ce qu’il veut et dire de plus en plus « non » et c’est tant mieux!

Mais il peut aussi penser qu’on ne va pas l’aimer s’il ne fait pas ce que l’adulte attend de lui. C’est pourquoi, certains se conforment à la volonté de l’adulte, deviennent sage et se forcent à faire des choses qu’ils ne veulent pas faire. A ce moment-là, si l’enfant n’a pas de bonnes notes, par exemple, il va se sentir très mal et il aura de moins en moins confiance en lui-même car il aura l’impression d’être aimé pour ce qu’il fait (les bonnes notes) mais pas pour ce qu’il est (lui et ses choix). Aux alentours de huit ans, cet enfant grandit et est plus ou moins heureux.

A l’adolescence, ce peut même être encore  plus dur pour lui. Ceux qui ont plus confiance en eux, se sentent bien eux même, tels qu’ils sont, ne se sentiront pas forcé d’être comme les autres. Ils suivront moins les comportements à risque : drogue, alcool … (pour faire comme les autres) que l’enfant qui a moins confiance en lui. Ils sauront faire un choix différent, pour eux même, par exemple dire non à un copain qui offre une cigarette.

 

Elle remarque que les enfants qui ont peu confiance en eux même peuvent avoir de bonnes notes aux exercices mais qu’ils sont en difficulté lorsqu’ il faut faire une dissertation car ils ont du mal à penser par eux même.

Barbara Williams, outre Carl Rogers et Virginia Satir dont elle a parlé auparavant, dit être très influencée par le peuple Navarro avec lequel elle a vécu et qu’elle revoit régulièrement.

 

Elle tient à nous faire partager un poème Navarro qui la guide au quotidien.

 

Le voici :

 

« Je suis un enfant du ciel,

Je suis un enfant de la terre,

Je suis un enfant de l’univers.

Il y a de la beauté au-dessus de moi,

Il y a de la beauté en moi,

Il y a de la beauté autour de moi.

Puis je marcher dans la beauté ? »

 

Ce poème dit que tout ce qui nous entoure est un frère ou une sœur, que tout ce qui nous entoure est vivant. Il est donc important de bien s’occuper de la nature. Tous les peuples font partie de nous. Le vœu le plus cher du peuple Navarro est que tout le monde soit en harmonie avec son environnement et que tout le monde marche dans la beauté.  « Au revoir » en Navarro se dit « Agona » (qu’on puisse marcher dans la beauté).

 

Dans la culture Navarro, dès la naissance, un enfant est à égalité avec un adulte. L’enfant a une grande sagesse et de fait le temps lui est laissé pour se développer à son propre rythme. Dans un cercle familial, il y a égalité de place entre les enfants et les adultes. Tous s’assoient au même niveau, les uns à côtés des autres, sur une même ligne.  Barbara Williams utilise d’ailleurs dans ses ateliers pour enfants des activités créatives qu’elle a découvertes et observées chez le peuple Navarro.

 

 

Les ateliers qu’elle propose aux enfants, à tous les enfants, sans distinction, sont fait pour les aider à exprimer clairement leur désirs et leurs ressentis, à communiquer, par le biais du jeu et des activités créatives. Elle s’adresse aussi aux parents. Il est important, de son point de vue,  que les parents fassent partis de l’expérience. Elle les reçoit d’ailleurs en premier pour leur « enseigner » à mieux communiquer avec leur enfant, dans le respect, la confiance et la liberté d’expression. Elle accueille ensuite les enfants, de 2/3 ans à 12 ans, par petit groupe de 12.

 

Dans les Kids’ Workshop, on parle peu, on joue beaucoup, on communique différemment.

 

Elle propose également des stages sur 4 jours pour devenir facilitateur d’atelier pour enfant. Elle en proposera un nouveau en octobre 2013, sur Angoulême. Des ateliers devraient se mettre en place d’ici septembre 2013 dans la région suite à la formation de plusieurs facilitateurs en mai 2013. link

 

Pour aller plus loin: http://pcaifrance.com/kids.html

 

 

 

 

Publié dans Hélix

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A
<br /> Je retiens l'anecdote de la marionnette pour que l'enfant exprime ses émotions!<br />
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T
<br /> De rien, c'etait fort intéressant! Un bon rappel pour les professionnels et une belle découverte pour certains parents. <br />
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B
<br /> Merci pour cet article, je n'avais pas pu venir à cette conférence et j'avais beaucoup regretté!!<br />
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